Histoire

Le village de Chevry est établi sur le Betz, rivière qui se jette dans le Loing à la hauteur de Souppes-sur-Loing.

Le territoire de la commune s’étend sur 740 hectares ; des prairies et des bois en fond de vallée et des cultures céréalières dans la plaine. Il est séparé de la commune d’Egreville, au nord, par la voie romaine de Sens à Orléans : le chemin de César.

Son nom provient probablement du gentilice gallo-romain Cabrius.

Chevry-sous-le-Bignon et son église romane

Le village de Chevry est établi dans la vallée du Betz. Cette petite localité a conservé un caractère ancien grâce aux élégantes restaurations effectuées sur les vieilles maisons du bourg.

Dans les années 70, la mode des résidences secondaires a en effet attiré à Chevry de nombreux citadins, qui ont su mettre en valeur les très anciennes habitations. Chevry-sous-le-Bignon est donc un village plein de charme, qu’agrémente la plus ancienne église de la région.

C’est un lointain propriétaire romain, Cabrius, fixé dans ce site il y a deux mille ans, qui donna son nom au village. L’occupation romaine ne fait ici aucun doute, compte tenu de la proximité du “chemin de César”, de Sens à Château-Landon. Au XIXe siècle, on a d’ailleurs retrouvé une statuette de Minerve, en bronze, au lieu-dit “les Vignes-de-Chevry”. Cette découverte confirme la présence des Romains.

Au lieu-dit “Le Près-de-l’Eglise” on trouvait autrefois des pierres taillées, des fondations de construction, on racontait alors qu’à cet endroit aurait été bâti un “ancien Chevry”. Le nom du lieudit permet aussi d’imaginer l’existence d’une antique église à cet emplacement….

L’église de Chevry

A Chevry se trouve une des rares églises romanes de la région. Le charme de ce petit clocher tient au pittoresque de sa situation : niché en contrebas du village qui le domine, presque caché au bord de la rivière… Il fut au Moyen Age un prieuré dépendant de l’abbaye Saint-Jean de Sens.

En 1152, une bulle du pape Eugène III plaça sous sa protection l’abbaye Saint-Jean de Sens. En même temps, le souverain pontife confirmait les nombreuses propriétés du monastère. Au nombre de celles-ci était nommée l’église Saint-Martin de Chevry. Une partie de l’édifice est donc du Xlle siècle. A la guerre de Cent Ans, les dommages causés à la paroisse voisine de Pers s’étendirent à Chevry et l’église fut très abîmée. On la reconstruisit aussitôt et on l’orna de peintures murales aujourd’hui encore visibles. Elle est placée aujourd’hui sous le vocable de Saint JeanBaptiste.

A Chevry comme au prieuré de la Ronce, à Griselles, on vénérait Sainte Véronique que l’on invoquait lors d’un pèlerinage très populaire. En 1240, les reliques de la sainte avaient été envoyées à Courtenay par Beaudouin, empereur de Constantinople, elle fut alors dans la région sujet de vénération.

On ne laissa de l’ancien cimetière autour de l’église, déplacé voici une centaine d’années que le tombea u des Lambert, famille notable de Chevry. Au-dessus de la porte du nouveau cimetière, le conseil municipal de l’époque fit inscrire . “Liberté, Egalité, Fraternité” devise insolite en ce lieu, mais qui voulait sans doute rappeler que les hommes sont tous égaux dans la mort, à défaut de l’être dans la vie..

Chevry à la veille de la Révolution

Jusqu’à la Révolution, Chevry dépendait de la seigneurie d’Egreville. C’était une modeste paroisse au sol “couvert de silex”.

Le docteur Gastellier, médecin originaire de Ferrières, écrivait au XVIlle siècle : “la vigne y croit et le vin en est bon. Les habitans sont en général fort vigoureux, on y voit beaucoup de vieillards”.

De nombreux artisans d’Egreville possédaient alors des parcelles de vigne à Chevry. Deux moulins étaient en activité sur la rive du Betz : le moulin du bourg, qui appartenait au meunier Louis Lambert et celui de Fouchereau, à Morisseau. Le village avait “son seigneur” en la personne de la comtesse de Rouault. Les ressources locales étaient à peine suffisantes pour nourrir la population, cependant, l’entraide existant entre les habitants permettait d’adoucir la condition des plus pauvres.

Le curé Finot, prêtre de Chevry à la fin du XVIlle, nota à l’époque tous les faits survenus dans sa paroisse qui lui semblaient dignes d’intérêt. C’est ainsi que l’on apprend pêle-mêle la météorologie et la réfection de l’église, des considérations sur les récoltes et d’autres sur la Révolution : “Dans le mois d’Aoust (1786) sur la fin j’ai fait peindre par le sieur Chamailland vitrier à Egreville tout l’Autel, les contours du sanctuaire, les Grilles du choeur ; j’ai fait percer la croisée du fond (…).

En 1787, l’abbé Finot écrit que “l’automne a été très mol” mais l’hiver 1788-89, le froid est redoutable : “( … ) Tout geloit dans les maisons et auprès du feu. La neige a resté sur la terre jusqu’à la Saint-Vincent. Tous les noyers ont été gelés. ( … ) Il y a eu jusqu’à de gros chênes qui ont été gelés. Les moulins ne tournoient plus. La farine a manqué et le pain est devenu très rare. (…) l’hiver dont la rigueur a passé celle de 1709 et dont la durée passera en mémoire jusqu’à nos arriers neveux (…)”.

C’est dans ce contexte que survint la Révolution. Notre curé chroniqueur ne s’en plaignit pas, au contraire. Il consigna dans ses registres “l’événement “remarquable”. “Les privilèges de la noblesse sont annéantis. Les seigneurs ont perdu leurs droits de chasse, leurs droits de servitude. Le peuple dans toutes les provinces a secoué le joug de la servitude (…) Dans tous les endroits, plus de distinction d’Etats, plus d’ordre, tous françois sont citoyens, tous sont égaux, tous sont libres ( … ) “.

Après cette période euphorique, le curé Finot devint officier d’Etat Civil dans le conseil municipal de Chevry jusqu’en 1793. Il retourna ensuite dans l’Aube, dont il était originaire. Ses chroniques sont d’autant plus précieuses que les documents permettant d’établir l’histoire de Chevry ne sont pas légion…

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